J'ai décidé, le 13
avril 2002 de mettre en ligne un échange de correspondance
concernant l'usine et mon site..
Chacun appréciera .................
Voici le premier texte reçu d'un "illuminé", je n'ai rien enlevé !
Je suis tombé sur votre site par hasard en recherchant un locotracteur de mine Thomson. J'ai travaillé en temps qu'électronicien à l'usine de Rombas de 1972 à 1974 et j'ai toujours très amèrement regretté de ne pas avoir eu l'audace de photographier ce "musée vivant". J'ai d'ailleurs retrouvé sur un site du musée d'Aumetz un locotracteur électrique que j'ai bien connu car leur radio était souvent en panne ... Je pense revenir voir ce qu'il reste de cette entreprise mais vos photos ne sont pas très encourageantes. Les fantastiques trésors industriels ont-ils été sauvegardés ? je pense aux moteurs à vapeur, aux tableaux électriques en marbre, j'ai vu des appareils uniques ! ... quand j'y étais, il découpaient déjà les grosses souffflantes à gaz de haut-fourneau, des moteurs énormes très lents (60t/mn) avec des volants en fonte de 6m ...
Il semble que vous n'ayez pas retrouvé des archives de SACILOR sur l'usine, il n'y a vraiment plus rien ?
Ma réponse
Bonsoir,
Si vous pensez venir voir ce qu'il reste de l'Usine de Rombas, je crois que c'est trop tard, il n'y a pratiquement plus rien. Des archives de Sacilor il y en a mais ce n'est pas la partie intéressante de la vie de l'Usine, c'est pour cette raison que je me suis arrêté aux années 70 sur mon site. Maintenant, dans le cadre de mes activités d'élu, je pense d'avantage à la reconversion de ces friches industrielles et les problèmes d'environnement restent posés.
Bien cordialement
Ma réponse n'a pas plu à Monsieur, voici le deuxième envoi tel que avec sa conclusion
J'ai bien reçu ce triste constat.
Personne n'a donc cherché à sauvegarder ce qui
était des raretés industrielles, témoignages,
patrimoine régional ?
Quand j'y étais, la direction de l'usine avait gardé un
moteur à vapeur du siècle dernier, le 19°,
précieusement restauré et repeint du type Watt à
balancier supérieur du côté des soufflantes des
haut-fourneaux. Ne me dites pas qu'il n'y a pas eu un genre
d'inventaire, des visites d'historiens, qu'on a pas livré
cette usine directement aux ferrailleurs sans aller voir ce qui
valait la peine de garder pour les générations futures,
un musée, pardon un conservatoire de la sidérurgie
!
Il y avait un choix de matériels à sauver, je me
demande si vous l'avez visité vraiment du temps où elle
était active ! vu les antiques laminoirs, ceux qui ne
fonctionnaient plus déjà en 70 avec encore à
côté comme il est indiqué sur votre site l'autre
moteur à vapeur, le gros de secours, que j'ai vu endormi et
poussiéreux où le groupe alternatif/continu
bi-génératrice ...
N'étiez-vous pas un peu pressé de vous ( la commune et
l'état) débarrasser de toute ces "vieilleries" ? y a
t-il eu des contestations dans ce secteur ?avez-vous connaisance de
l'aciérie de Völklingen près de Sarrebruck qui a
été classée monument historique par
l'état allemand ? il y a eu des concerts à
l'intérieur retransmis sur ARTE où toute la France a pu
voir ces fameuses soufflantes à gaz pauvre que l'on a
découpées sans scrupules à Rombas ?
Pourquoi alors ce site fourre-tout ?
Ma réponse (pour en finir)
Monsieur, je n'ai de leçon
à recevoir de personne, j'ai commencé ma
carrière comme manoeuvre de force pour terminer comme
responsable de la fabrication et des expéditions des produits
laminés à Rombas, ne vous en déplaise en trente
ans, je pense connaître cette usine aussi bien que vous en
deux, je n'ai pas mis sur mon site "fourre-tout" les luttes que nous
avons menées pour conserver notre outil de fabrication (et non
pas des "vielleries") et je suis fier aujourd'hui de contribuer
à améliorer le cadre de vie de notre population avec
les deniers publics plutôt que d'engloutir des sommes dont vous
ne pouvez pas estimer le montant pour faire un "conservatoire de la
sidérurgie" dont les moyens de production ne pouvaient
fonctionner "qu'à la chaude".
Non Monsieur, il n'y a pas eu de contestation, mais des
applaudissements..... quand les derniers hauts fourneaux se sont
couchés.
Je suis vraiment navré d'être le seul Français
à ne pas avoir vu les soufflantes allemandes sur ARTE, mais je
me console car j'ai vu fonctionner l'Usine de Völkingen, je sais
où se elle se trouve, quand même pas con à ce
point !
Monsieur l'électronicien de l'Usine de Rombas des
années 1972 à 1974 (du siècle dernier le
20°), qui ne connait les formules de politesse mais veut donner
des leçons, je ne vous répondrai plus.
Voici la réponse de Monsieur auquel je ne répondrai plus (sans commentaire)
Ne vous énervez pas, je vous faisais remarquer mes observations personnelles, en 1972 j'avais 21ans et ce que j'ai vu m'a marqué à jamais, rien qu'en 2 ans effectivement et pas en 2 ans de bureaucrate si vous le pensez mais avec la cote, le casque, les chaussures sécu, les gants, la R4L; 2 ans à être appelé à tout heure dans tous les coins de l'usine, au dessus sur les ponts, sous les fours, à l'aciérie, aux haut-fourneaux, aux laminoirs, à l'agglo Schmidt, à l'agglo Lurgi, au moulin à scories à patauger dans le talc qui recouvre les bandes transporteuses, à changer les cannes pyro, les radios sur les locotracteurs, les circuits de voies, déboucher les plumes des enregistreurs, étalonner les analyseurs d'eau au refroidisseur, contrôler les prises de températures aux convertisseurs ou le débit d'oxygène, le poids des poches (pleines, 60t) aux coulées en lingotières, à regarder le tableau des accidents à l'entrée en arrivant et parfois glander, seul, à 3h du matin, à écouter ces gros moteurs lents avec l'opérateur qui graissait les cames de commande des culbuteurs... je faisais les 3x8 aussi avec les gars; c'est vous dire la prise de conscience du caractère UNIQUE de ce qui était là autour de moi, et ne vous en déplaise il ne faut pas 30 ans pour s'en apercevoir quand on est curieux et quand on s'intéresse aussi au travail des autres. Là où je travaille encore, je continue à explorer et aller voir ce qui se passe autour de moi, étant maintenant ingénieur d'essai/sol en aéronautique, comme il y a 30 ans.
Peut-être s'est-on croisé, les oreilles bouchées près de la douce scie circulaire à palplanches ? Mais ce qui est bizarre, c'est que vous ne répondez pas aux questions, je vous parle de choses concrêtes et vous vous emportez, déjà votre message précédent m'a obligé à répéter une partie de mon premier texte, J'ai l'impression d'une dérobade, peut-être d'autres personnes se demandent ou vous ont demandé comme je l'ai lu dans des rapports disponibles sur internet, pourquoi 95% des installations ont été démantelées à une vitesse supersonique ! c'est un fait et ce qui est écrit aussi c'est "l'absence totale et générale" de prise de conscience qu'il ne fallait pas tout détruire, qu'il fallait en garder telquel avec les aménagements nécessaires.
Un des arguments avancés alors était que la vue de
ces installations mortes casserait le moral des travailleurs
licenciés et des habitants. Aménager le terrain,
maintenant qu'il n'y a plus rien me semble logique en effet.
Le prix ? la mémoire n'en a pas ! les exemples sont
légions pour qui est déterminé et il faut en
France bien entendu faire appel au bénévolat . A la
SNECMA, les réacteurs d'avion, ce sont les retraités
qui ont fondé le musée des moteurs et ils les
recherchent et les restaurent eux-mêmes, et eux sont partis de
rien. Je ne fais que vous poser des questions, ayant affaire à
une personne passionnée à priori autrement vous
n'auriez pas mis en ligne tous ces documents. Vous vivez à
côté et êtes bien placé pour avoir suivi
l'évolution de la situation.J'ai pensé au début
que vous seriez intéressé par retrouver quelqu'un ayant
partagé une petite partie de vie avec des souvenirs communs et
qui a fait l'effort de les rechercher mais non, c'est
étrange...
Dans mon entreprise, il y a eu un directeur technique pour qui
l'histoire est synonyme de vieilleries, c'est pour cela que j'ai
replacé ce mot car il y a des similitudes de destin. Les
formules de politesse ? pour s'excuser de signaler la présence
de trésors à jamais détruits ? j'ai la faiblesse
de croire que vous plaisantez! je suis rongé de remords de
n'avoir jamais eu l'audace de transporter dans ma sacoche à
outils un appareil photo que je préférais laisser dans
ma chambre à Cormontaigne.
Ne répondez pas si vous le souhaitez, vous en êtes
libre. et je ne vous en tiendrai pas rigueur.
A qui la suite ?????